Eglise Sant-Agnello (Rogliano)
Présentation générale

L’atelier ARC a assuré une mission complète de maîtrise d’œuvre pour la restauration de la façade occidentale de l’église paroissiale Sant’Agnello, ainsi que pour le diagnostic général de la toiture et la mise en œuvre de travaux conservatoires urgents.
Située au cœur du village de Rogliano, dans le Cap Corse, l’église Sant’Agnello s’inscrit au sein d’un ensemble patrimonial remarquable, formé notamment par la tour génoise della Parrochia et la chapelle de la confrérie. Édifiée au XVIᵉ siècle puis agrandie au XVIIIᵉ siècle, elle illustre l’évolution du patrimoine religieux insulaire, mêlant sobriété classique et influences baroques visibles sur sa façade principale.
La mission confiée à l’atelier visait à préserver un édifice à forte valeur patrimoniale tout en assurant sa transmission dans des conditions optimales de conservation. L’approche retenue a privilégié une compréhension globale de l’église – au-delà de la seule façade – afin d’identifier les désordres structurels, d’enrayer les dégradations liées à l’humidité et de restituer à l’édifice toute sa cohérence architecturale et urbaine.
Etude de diagnostic
Avant la restauration de la façade occidentale de l’église Sant’Agnello de Rogliano, L’atelier ARC a conduit une étude de diagnostic approfondie, associant relevés précis, analyses des matériaux et cartographies thématiques. Cette approche a permis de dresser un état sanitaire complet du monument et d’orienter les choix de restauration sur des bases techniques et patrimoniales solides.
L’examen des parements extérieurs a mis en évidence un état de dégradation généralisé des enduits et des maçonneries, principalement lié à l’usage de matériaux inadaptés lors de restaurations antérieures. L’application d’un enduit au ciment, imperméable et non respirant, a entraîné un confinement de l’humidité dans les murs, provoquant des désordres tels que fissurations, cloquages et décollements de surface. Ces phénomènes ont à leur tour fragilisé la maçonnerie en schiste sous-jacente, particulièrement sensible à l’humidité et aux cycles de gel-dégel.
Des infiltrations d’eau ponctuelles ont également été observées au revers de la façade principale, accentuées par un défaut d’étanchéité des couvertures et des systèmes de récupération des eaux pluviales. Ces désordres présentaient un risque direct pour la conservation des décors intérieurs classés.
Le diagnostic a par ailleurs révélé une hétérogénéité marquée des enduits et des couches de finition, témoignant de campagnes de restauration successives sans cohérence d’ensemble. L’analyse colorimétrique a permis d’identifier la teinte d’origine, nettement plus claire que la finition jaune vif en place, rompant avec la sobriété propre à l’architecture religieuse locale.














Enfin, l’étude a mis en évidence la nécessité d’une intervention globale : la restauration de la façade ne pouvait être dissociée d’une réflexion plus large sur la gestion des eaux et la protection de l’enveloppe. Ces conclusions ont servi de base à la conception du projet de restauration, visant à restituer à l’église Sant’Agnello son unité architecturale et son intégrité matérielle.




Conception de projet
Le projet de restauration de la façade principale de l’église Sant’ Agnellu a été conçu pour répondre précisément aux désordres identifiés lors des études préalables. L’objectif principal était de restaurer l’étanchéité de la maçonnerie en schiste et de préserver les décors intérieurs en stuc, tout en respectant l’authenticité architecturale de l’édifice.
La végétation parasitaire développée au-dessus des corniches et du fronton triangulaire, dont les racines déstabilisaient le pavage et favorisaient l’accumulation d’eau, a été retirée avec minutie afin de limiter tout dommage à la maçonnerie et de rétablir les surfaces endommagées.
Les enduits de ciment inadaptés ont été soigneusement décapés, en privilégiant les méthodes manuelles, pour conserver un maximum d’enduit original encore stable. Ils ont été remplacés par des enduits de chaux naturelle : les surfaces planes ont reçu un enduit blanc cassé ou sable, tandis que les éléments décoratifs, moulures et pilastres, ont été restitués en chaux additionnée d’un faible pourcentage de ciment prompt pour permettre la sculpture et garantir leur durabilité. Les niches ont été badigeonnées d’une teinte oranger, rappelant subtilement les menuiseries et mettant en valeur les statues blanches.
Le système de couverture des corniches et du fronton a été restauré selon les techniques locales, avec réemploi des tomettes d’origine ou remplacement par des éléments identiques. Posées sur un lit de mortier de chaux légèrement incliné, elles redirigent les eaux de ruissellement loin des murs.
Enfin, les éléments moulurés disparus, tels que certains chapiteaux et pilastres, ont été restitués à l’identique sur support préparé, en mortier de chaux et ciment prompt, garantissant finesse des détails et solidité face aux agressions climatiques.
Grâce à cette approche, le projet allie restauration technique et respect patrimonial, permettant à la façade de retrouver sa lisibilité, sa polychromie et sa protection face aux intempéries, tout en assurant la conservation durable des décors intérieurs.
Réalisation des travaux


















Notice historique

L’église paroissiale Sant’ Agnellu, située sur une terrasse surplombant le village de Rogliano (Cap‑Corse), a été consacrée en 1510. Elle témoigne d’un patrimoine religieux actif depuis le XVIᵉ siècle et s’intègre au paysage historique de la paroisse.
Au XVIIIᵉ siècle, l’édifice a été agrandi et doté d’une façade classique influencée par le baroque tardif. L’intérieur conserve un mobilier remarquable, notamment un buffet d’orgue daté de 1761 et un autel en marbre de Carrare.
Non classée au titre des Monuments historiques, l’église demeure un repère patrimonial et spirituel pour Rogliano. Sa récente restauration de la façade a permis de préserver son authenticité tout en renforçant sa protection face aux intempéries.
