La Pharmacie de l’Abbaye de Brabant (Villers-la-Ville)

Présentation générale

La mission de restauration des arcades de l’ancienne pharmacie de l’abbaye de Villers-la-Ville, endommagées par des accidents automobiles, consiste en leur reconstruction par anastylose à partir des fragments lapidaires récupérés.

Ce projet, réalisé dans un ensemble monastique classé Monument Historique, s’inscrit dans un paysage historique exceptionnel. La mission comprend une étude complète, incluant le relevé, le diagnostic, le développement du projet et le suivi de chantier, menée par une équipe pluridisciplinaire (architecte du patrimoine, ingénieur stabilité, archéologue, géomètre). Des technologies avancées comme le scanner 3D et le scanning manuel des pierres sont utilisées. La méthodologie repose sur la reconnaissance des sources monumentales et documentaires.

Le projet envisage également de maintenir le trafic piéton et automobile durant les travaux et de réhabiliter l’espace en un lieu pédagogique.

Etude de diagnostic

Le relevé existant consiste à créer une représentation graphique et à l’échelle des parties conservées du monument. Ce document sert de base pour la reconstruction en renseignant sur les méthodes de construction et les dimensions des éléments caractéristiques tels que les claveaux, piédroits, seuils et harpes. Les sources utilisées pour ce relevé incluent un scan 3D et un reportage photographique, fournissant des informations détaillées sur l’état actuel du monument.

La restitution théorique, quant à elle, cherche à représenter graphiquement les parties effondrées du monument en se basant sur les ressources documentaires recueillies au cours de l’étude. Cette restitution, bien qu’hypothétique, vise à établir un modèle permettant d’identifier les pierres à replacer à partir des fragments conservés, avec une numérotation claire des pièces à remettre en place. Les sources de cette restitution incluent le relevé existant, un scan 3D réalisé en 2013 de la façade ouest, la photogrammétrie de 1974 de la façade est, ainsi que des photographies prises avant et après la reconstruction de 1976.

La reconstruction maximale permet de repositionner virtuellement chaque fragment récupéré sur la base de la restitution théorique. Cette méthode permet non seulement de vérifier l’emplacement exact des pierres à replacer, mais aussi d’obtenir un aperçu du pourcentage des pierres identifiées. Elle met en évidence les zones encore libres et aide à identifier les pierres manquantes. Bien que cette reconstruction inclut la totalité des fragments récupérés, elle prend en compte même ceux dont l’état de conservation ne permet pas de les remettre en place. Ce document est la synthèse des 361 fiches d’identification des fragments conservés.

La reconstruction réelle, en revanche, propose une cartographie légendée des interventions nécessaires pour chaque pierre afin de réaliser la reconstruction du monument. Contrairement à la reconstruction maximale, elle présente une approche réaliste, en indiquant les pierres réutilisables telles quelles, ainsi que celles nécessitant des remplacements, collages, consolidations ou greffes. Cette cartographie est également une synthèse des interventions détaillées dans les 361 fiches des fragments conservés.

Enfin, la restauration globale englobe l’ensemble des interventions supplémentaires qui peuvent accompagner la reconstruction stricte du monument. Cela comprend non seulement les travaux de reconstruction, mais aussi les considérations relatives à la stabilité, à la sécurité du public et des véhicules, à l’accessibilité, à la pérennisation, à l’insertion paysagère et architecturale, ainsi qu’à l’esthétique du monument.

Conception de projet

Le projet de reconstruction par anastylose des arcades de l’ancienne pharmacie de Villers-la-Ville s’inscrit dans une démarche de préservation de l’histoire architecturale du site. Il vise à rétablir les arcades originelles tout en tenant compte de l’évolution du lieu. Situées à l’extrémité d’une perspective créée au XVIIIe siècle et s’étendant depuis le Palais abbatial, les arcades jouent un rôle central en recréant une continuité visuelle entre les différentes phases de transformation du site, de l’abbaye du XIIIe siècle aux « fausses ruines » du XIXe siècle. Ce travail contribue à la lisibilité et à la compréhension de l’évolution du site.

Pour assurer la stabilité des arcades et renforcer l’ensemble, une intervention structurelle est prévue. Une ceinture de béton armé couvrira les quatre façades, complétée par une poutre placée au-dessus des arcades, à l’emplacement de l’ancien plancher. Ce dispositif compense la disparition des planchers et de la toiture qui soutenaient initialement les arcades. Les colonnes reconstruites seront également renforcées pour accroître leur résistance à la flexion, tandis qu’un chainage horizontal ancré dans le sol à toute hauteur créera une trame rigide, capable de résister aux forces exercées en cas de sollicitations. Ce renforcement assurera également le maintien des façades sous sollicitations horizontales.

Le projet prévoit également la réutilisation des colonnes centrales, aujourd’hui déplacées dans le jardin du Palais abbatial, qui seront réinstallées pour évoquer les volumes intérieurs disparus. Des semelles de fondation surdimensionnées seront également mises en place pour soutenir un éventuel futur plancher d’étage. En somme, ce projet allie anastylose des arcades et renforcement structurel, tout en préservant le patrimoine et en intégrant l’évolution historique du site.

Réalisation des travaux

Notice historique

La pharmacie de l’abbaye de Villers-la-Ville, construite en 1784, est le dernier édifice érigé par les moines avant la Révolution française. Ce bâtiment de style néo-classique était stratégiquement situé entre l’infirmerie et le jardin des plantes médicinales, au-dessus de trois arcades permettant l’accès à la cour d’honneur, au palais abbatial et à l’hôtellerie du monastère. Cette disposition facilitait le passage des visiteurs à pied, à cheval ou en calèche, illustrant la richesse et l’importance de l’abbaye à cette époque. Aujourd’hui, la pharmacie de l’abbaye de Villers-la-Ville demeure un témoignage précieux du patrimoine architectural cistercien en Belgique.

Les arcades de la pharmacie ont subi plusieurs dommages au fil des ans, notamment en 1974, 2013 et 2018, à la suite d’accidents impliquant des véhicules. Ces incidents ont entraîné des effondrements partiels, nécessitant des travaux de reconstruction. Après le dernier accident en 2018, l’Atelier ARC a été mandaté our la reconstruction des arcades à l’identique entre 2019 et 2021, leur permettant de retrouver leur aspect du XVIIIe siècle.