Ruines de l’amphithéâtre romain (Aleria)
Présentation générale
La mission de maîtrise d’œuvre pour la conservation et la valorisation de l’amphithéâtre romain d’Aleria, en Haute-Corse, implique un groupement de bureaux spécialisés (architectes du patrimoine, archéologues et BET stabilité) travaillant ensemble pour gérer la complexité du projet.
Le site archéologique, classé Monuments Historiques, nécessite un diagnostic sanitaire complet ainsi que des relevés graphiques pour évaluer son état de conservation.
Des interventions sont prévues pour consolider et pérenniser les structures, tout en rendant le site accessible au public. Parmi les projets envisagés, on trouve un réaménagement de l’arène avec une surface drainante, la protection des murs par reprofilage, la reconstruction partielle du vomitorium, et la création de gradins contemporains et réversibles.
Etude de diagnostic
Avant de commencer le projet de restauration et de valorisation de l’Amphithéâtre d’Aleria, un diagnostic archéologique complet a été effectué (par ..). Ce diagnostic avait pour objectif d’évaluer la présence de vestiges, contemporains ou antérieurs au monument romain, à travers des sondages réalisés à l’intérieur de la structure. Cinq sondages, répartis dans la zone sud, ont permis de découvrir des vestiges importants, tels qu’un rempart hellénistique, un four datant du Ier siècle avant notre ère, ainsi que des traces d’habitat de la cité étrusque.
Lors de la phase de relevés, l’Atelier ARC a utilisé de manière conjointe un drone et un théodolite. Ceci a permis de confronter les données recueillies. Par ailleurs, des photographies ont été prises puis redressées pour créer des orthophotos des différents tronçons restants de l’amphithéâtre. Ces orthophotos ont été numérotées et localisées de manière détaillée pour faciliter l’analyse de l’état de conservation global du site. Grâce à des dessins, l’atelier a ensuite pu décrire et localiser l’ensembles des pathologies et des désordres rencontrés pour chaque tronçon à travers des cartographies détaillées.
Suite à ce diagnostic, trois zones d’intervention ont été identifiées pour la restauration et la valorisation du monument.
Conception de projet
L’Atelier ARC développe un projet de restauration et de mise en valeur de l’Amphithéâtre d’Aleria, en conciliant conservation du patrimoine et valorisation contemporaine. L’objectif est de proposer une intervention respectueuse des vestiges tout en offrant une meilleure lecture du site et une expérience enrichie pour les visiteurs.
Le projet met l’accent sur la protection et la restauration des structures encore en place. L’atelier propose de consolider les murs encore en place en utilisant des moellons récupérés à proximité du site. Une phase d’expérimentation a été menée sur un premier tronçon, où subsistait des enduits à la chaux appliqués à la fois sur la paroi latérale et sur la tête du mur, témoignant du niveau d’origine de l’arène. En remontant certaines portions de murs effondrés et enfouis sous la végétation, il est possible de restituer ce niveau en trois points distincts, offrant ainsi des repères spatiaux clairs aux visiteurs.
Afin de distinguer subtilement les éléments restaurés sans altérer la perception globale du site, un léger décalage d’un à deux centimètres est prévu entre les parties d’origine et celles remontées. Un joint sacrificiel en trois couches sera également appliqué entre les maçonneries anciennes et les nouvelles interventions, assurant ainsi une meilleure lisibilité et une protection supplémentaire des vestiges. De plus, les enduits primitifs permettront d’identifier visuellement les structures anciennes. Pour stabiliser durablement les vestiges, des culées en moellonnage seront ajoutées, évitant la stagnation des eaux pluviales et renforçant la solidité des murs.
Au-delà de la préservation des vestiges, le projet vise également à offrir une meilleure compréhension du site et à enrichir l’expérience des visiteurs. Pour cela, l’atelier envisage une intervention contemporaine qui met en valeur l’histoire de l’amphithéâtre tout en assurant sa protection. Cette réflexion s’appuie sur l’étude d’exemples analogues et explore différentes solutions architecturales : une structure intégrée aux ruines permettant d’accueillir du public, un aménagement de gradins favorisant une lecture renouvelée du lieu et un traitement paysager assurant une meilleure insertion du projet dans son environnement.
L’approche adoptée privilégie une architecture sobre, contemporaine et réversible, qui dialogue avec les différentes strates historiques du site sans les altérer. Le parcours proposé inviterait alors les visiteurs à redécouvrir l’amphithéâtre à travers une série de séquences scénographiques, alliant préservation, évocation et immersion.
Réalisation des travaux
Notice historique
L’amphithéâtre d’Aleria, situé en Corse, est un édifice antique dont la construction est remonterait au IVᵉ siècle après J.-C. Il est adossé aux remparts sud de la ville antique, se superposant à la muraille hellénistique et recouvrant un four de potier d’époque romaine.
Cet amphithéâtre est considéré comme le plus petit connu du monde méditerranéen, témoignant de l’importance modeste de la population locale à l’époque de sa construction. Il est également le seul monument de spectacle antique actuellement identifié en Corse.
Au fil des siècles, l’amphithéâtre a subi diverses dégradations, notamment durant la Seconde Guerre mondiale. Des fouilles archéologiques menées dans les années 1970 ont permis de mieux comprendre sa structure et son histoire. Plus récemment, des projets de restauration ont été entrepris pour consolider les maçonneries et valoriser le site, afin de préserver cet héritage historique unique en Corse.
