Tour de Miomo (Santa-Maria-di-Lota)

La tour de Miomo, l’une des plus belles et mieux conservées des tours corses, fait partie d’un patrimoine sériel d’une importance capitale. Elle bénéficie d’une véritable réflexion de restauration, soutenue par un comité pluridisciplinaire, dans le cadre d’une commande publique.

Cette démarche s’inscrit dans un projet plus large portant sur la conservation de l’ensemble des tours de l’île, permettant de créer une stratégie de restauration cohérente, déclinable sur tous les monuments concernés.

Le projet repose sur une approche esthétique mais aussi intellectuelle visant à préserver l’intégrité de ce patrimoine tout en l’adaptant aux enjeux contemporains.

La tour de Miomo a permis de confronter trois techniques de relevés, en vue de comparer leurs avantages et leurs inconvénients, vis-à-vis des contraintes inhérentes aux problématiques rencontrées. La méthode de relevé manuelle s’est limitée aux instruments traditionnels de relevé manuel (mètre, décamètre, télémètre, fil à plomb). Si la précision géométrique de ce relevé reste relative, en raison des contraintes d’accessibilité et de la complexité des formes courbes, et que la méthode s’est avérée chronophage, l’approche manuelle offre néanmoins un haut niveau d’observation de l’objet architectural. Le relevé par laser scanner a privilégié l’utilisation d’un scanner ainsi que deux logiciels de visualisation et de modélisation par nuages de points.

En comparaison à la méthode par relevé manuel, il est incontestable que le laser scanner offre une précision et une rapidité d’opération nettement supérieure. Toutefois, l’utilisation d’un scanner entraîne une distanciation entre le monument et l’équipe chargée de le mesurer, réduisant inévitablement le niveau d’expertise visuelle. Le dernier relevé a été effectué à l’aide d’un logiciel de reconstitution photogrammétrique au départ de données récoltées par une station totale et d’une couverture photographique de 186 clichés au départ d’un appareil numérique monté sur une perche téléscopique d’environ 4 mètres. La rapidité d’acquisition et de traitement des données nous a permis d’étendre l’expérimentation aux trois tours d’Albo, Miomo et Santa Maria della Chiapella.

Vis-à-vis des deux premiers tests, cette approche par photogrammétrie semble combiner l’efficacité du scanner et l’approche tangible des relevés manuels.

Les trois tests de relevés effectués ont permis de confronter les avantages et les inconvénients de chacune des techniques envisagées. En ce sens, la photogrammétrie semble davantage répondre aux objectifs recherchés. Toutefois, les contraintes d’accessibilité nous ont poussés à considérer une solution alternative, basée sur les techniques d’acquisition photographique aérienne par drone.

Les caractéristiques, propres à la tour de Miomo évoquées ci-avant, permet de développer un projet de réhabilitation sensible aux questions d’accessibilité, pouvant se résumer sur 3 niveaux :

• Au niveau des abords immédiats : la présence actuelle d’une circulation périphérique, obturée en cul-de-sac par l’actuel jardin adossée, a entraîné le rachat du terrain jouxtant la tour par la municipalité. Cette nouvelle situation confère au projet la possibilité de ménager une véritable circulation périphérique continu autour du monument par le biais de nouveaux escaliers (à l’impérial) vers la plage. notons que la position de ces escaliers permet ponctuellement de retrouver la base de la tour et par conséquent sa silhouette et hauteur originelle.
• Au niveau du rez-de-chaussée : La présence singulière d’une porte, tardivement percée dans le glacis de la tour et accompagnée de ricciata décoratives au sol intérieur, offre au projet la possibilité d’aménager un espace accessible de plein pied à tout type de visiteur. Les percements des planchers d’étages, en leurs centres, offrent quant à eux une visibilité globale de l’édifice au départ du sol.
• Au niveau des étages : La restauration d’un escalier extérieur, conçu de telle sorte à satisfaire les exigences de sécurité et d’accessibilité actuelles, tout en évoquant un dispositif originel d’accès, permet de desservir les étages au sein desquels des planchers sont restitués sous un vocabulaire contemporain (plancher de châtaigner sur structure métallique rayonnante).

La tour côtière de Miomo est une tour génoise située sur la côte nord-est de la Corse, près de Bastia, dans le village de Miomo. Construite à la fin du XVIe siècle (vers 1590), elle faisait partie d’un réseau de fortifications édifié par la République de Gênes pour protéger l’île des attaques de pirates et d’envahisseurs.

De forme cylindrique et en pierre, la tour servait à la fois de poste de guet et de point de défense.